Depuis 2022, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) de Bretagne a constitué un groupe de travail « Métiers d’Art ». Cette initiative accompagne une mutation plus vaste, initiée par le gouvernement en faveur de l’ensemble de la filière des métiers d’art. Ce secteur, qui rayonne à l’international, incarne des savoir-faire français d’exception, enviés dans le monde entier.
Cependant, la CMA elle-même traverse des bouleversements majeurs : régionalisation des chambres, coupes budgétaires, réorganisations internes. Malgré cela, la CMA Bretagne, en partenariat avec la Région Bretagne, s’engage dans un mouvement ambitieux pour soutenir l’artisanat d’art.
Là où le gouvernement met l’accent sur les grandes manufactures françaises déjà valorisées et performantes, la CMA se concentre sur les ateliers, ces structures qui tissent le territoire. Les ateliers d’art en Bretagne expriment un réel besoin de soutien et de visibilité.
En tant qu’élue départementale de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat des Côtes-d’Armor, et membre du groupe Métiers d’Art de Bretagne, ces enjeux sont aussi les nôtres. Depuis deux ans, de nombreux progrès ont été réalisés. Sous la bannière « Métiers d’Art de Bretagne », des actions concrètes ont vu le jour et sont appelées à se pérenniser :
- Le dépôt d’une marque fédératrice.
- L’organisation de rendez-vous métiers d’art, où les participants choisissent les thèmes qu’ils souhaitent explorer : communication, visibilité, isolement, syndrome de l’imposteur, légitimité, fixation des prix…
Ces rendez-vous ne sont pas des formations classiques, mais des tables rondes, des échanges, et des ateliers qui répondent aux besoins concrets du terrain.Ces évolutions surviennent après de nombreuses années de latence. La CMA en est consciente : une lourdeur administrative et une méconnaissance des métiers d’art ont conduit de nombreux acteurs locaux à négliger les enjeux de ce secteur, pourtant porteur de l’image de la France. Si la prise de conscience est tardive, elle marque néanmoins un point de départ.
Pour le Studio Ler, ce rôle est pris à cœur, avec humilité, aux côtés de nombreux autres artisans d’art et interlocuteurs de la CMA. De cette bannière « Métiers d’Art Bretagne » découleront des initiatives portées par les élus, les artisans, et les acteurs du territoire : organisation d’événements dédiés à l’artisanat d’art, boutiques éphémères, salons… L’objectif est toujours le même : élever ce secteur et lutter contre les confusions qui subsistent, notamment avec les loisirs créatifs.
Choisir un métier d’art relève souvent d’une vocation. Ce choix nourrit intellectuellement, mais il doit aussi être économiquement viable. Or, ce n’est pas le cas pour de nombreux ateliers, dont le chiffre d’affaires reste trop bas.
Mais si un métier nous apporte, il est essentiel que l’atelier apporte aussi à ce métier. En choisissant un matériau, un savoir-faire, que lui apportons-nous ? De quelle vision nouvelle l’enrichissons-nous ? C’est cette réflexion qui, selon nous, distingue un loisir créatif d’un métier d’art porteur d’excellence.
La CMA a un rôle à jouer dans le développement des ateliers. De nombreuses formations sont proposées pour aider les artisans à développer une histoire de marque. Car chaque atelier, lorsqu’il porte une vision, doit pouvoir être identifié comme une marque à part entière, avec des codes, une « patte » reconnaissable et une clientèle ciblée.
Bien sûr, nous évoquons la CMA, car c’est à travers cet outil que nous œuvrons pour nos professions. Mais nous n’oublions pas les associations, organismes, ou centres de formation qui participent aussi à ce grand mouvement.
Malgré un contexte parfois chaotique, nous abordons cette nouvelle année 2025 avec espoir et conviction. De belles initiatives se dessinent, et nous sommes fiers de contribuer, à notre échelle, à ce renouveau des métiers d’art.